Chronique : Elvira Time #4

Mathieu Guibé
Auteur francophone  
Chat Noir
Fantastique
190 pages
14,90€

Ce quatrième volume signe la fin des aventures de notre chère Elvira et sa bande d’amis. Cela se ressent, tout le roman est une véritable bombe à retardement. Dès les premières pages, l’auteur au travers d’Elvira et de cette sublime couverture nous annonce la couleur : c’est la fin et elle ne sera pas belle. Mais est-ce du bluff ou la vérité ?

Le troisième tome avait fait un retour dans le passé pour nous narrer la tragique histoire de Jericho, ce qui donne encore plus de poids à ce quatrième opus. Encore une fois, l’auteur nous emmène dans un tourbillon de sentiments et de violence. Ici nous retrouvons une Elvira auto-destructrice, elle se fiche de son avenir et ses sombres pensées finissent pas atteindre le lecteur impuissant. Heureusement, Elvira est soutenue par ses amis et sa famille.

Ce roman fait ici la part belle à la psychologie, la reconstruction et le pardon de soi. J’ai trouvé que l’auteur sonnait juste. Même si les apitoiements d’Elvira se sont un peu éternisés par moment, au moins elle n’a pas perdu sa morgue et sa combattivité. J’ai un peu regretté que la bande d’amis soit un peu en retrait dans ce tome mais Elvira menait un combat contre elle-même donc je comprends ce choix. Nous voyons quand même Shinta, Belinda et Ludwig que l’auteur n’oublie pas dans cette fin de saga. Malheureusement le temps entre mes lectures et les sorties des différents tomes ont fait que j’avais pris de la distance avec l’antagoniste principal et ses différentes manœuvres. Je suis donc restée assez extérieur à ce conflit-là.

Il s’agit donc d’un tome axé sur l’émotion et la psychologie même si, rassurez-vous, vous avez droit à vos litres d’hémoglobines, votre lot d’humour noir et de références à la pop culture. Quant à la fin… est-elle vraie, est-elle inventée ? Libre au lecteur de choisir mais dans un cas comme dans l’autre, elle est juste bouleversante. Je quitte donc cette saga avec mélancolie mais aussi beaucoup de reconnaissance car j’ai pris grand plaisir à suivre les aventures d’Elvira, Jericho et les autres. Nos deux héros en particulier seront très difficiles à oublier tant leur histoire est poignante.


 Ma note : :star::star::star::star::star-half:

Chronique : Le rituel

Adam Nevill
Traduction : Benoît Domis 
Bragelonne
Fantastique
384 pages
5,99€ (ebook)

J’avais adoré le précédent roman d’Adam Nevill « Le Temple des Derniers Jours » dont certaines scènes m’avaient terrifiée (et pourtant il m’en faut). J’ai donc voulu profiter d’une promo numérique pour me lancer dans cet autre roman, bien que les avis sur cet auteur divergent. Et en effet, je suis ressortie de ma lecture avec un avis en demi-teinte.

Nous suivons 4 potes de fac qui partent camper dans la forêt Scandinave. Je me suis vite intégrée à ce groupe dont les portraits sont très réalistes, des anciens potes qui semblaient soudés mais que la vie a plus ou moins séparés. Ils sont à présent pères de famille ou fiancés, ou pour le héros, au contraire en train de se chercher. L’auteur aborde des thématiques qui parlent : les responsabilités d’adultes, le fait de ne pas rentrer dans les cases, la jalousie, les espoirs de jeunesse et les désillusions. Tour à tour j’ai pris le parti de l’un ou de l’autre de ces amis. Bref, l’immersion au sein de leur groupe était bonne. De même j’ai partagé leurs craintes une fois perdus dans la forêt car, croyez-moi, c’est très facile de se perdre en forêt et de paniquer sans les connaissances ou les outils adéquats.

La première partie où les 4 amis sont perdus dans les bois et pourchassés par une créature était super, bien angoissante, pleine de promesse et de sang. Puis, on découvre la vérité et j’ai été déçue, un peu comme dans le film « le Village ». Tout le potentiel de l’histoire a été gâchée à mon sens par cette deuxième partie complètement sous-exploitée. L’histoire, la mythologie derrière est géniale, prenante et passionnante mais l’auteur ne l’a pas assez approfondie à mon sens. Je ne voudrais pas spoiler mais l’introduction de 3 nouveaux personnages a fait perdre l’aspect mythologique et ancestral. L’auteur traite d’autres thématiques et ce n’est pas inintéressant en soi mais j’attendais un meilleur traitement. Cette seconde partie était moins effrayante, on a une ambiance complètement différente à qui il manquait un petit quelque chose.

Du coup je ressors déçue. Cela partait si bien et malheureusement ça se termine de manière étrange.


 Ma note : :star::star::star::star-empty::star-empty:

Chronique : Comment le dire à la nuit ?

Vincent Tassy
Auteur francophone 
Chat Noir
Fantastique
19,90 €
346 pages

J’avais beaucoup aimé ma lecture de Apostasie en 2017 et ce fut donc les yeux fermés que j’avais pris le roman suivant de Vincent Tassy. Et c’est aussi les yeux fermés que j’ai commandé son troisième roman le mois dernier !

Je ne peux pas commencer mon avis sans parler de la sublime plume de Vincent Tassy. Ses textes sont empreints d’une poésie, d’une mélancolie, d’une beauté inaccessible qui les rendent magnifiques et uniques. L’auteur nous décrit des sentiments d’une telle manière qu’ils me semblent irréels, hors du temps et de portée pour de simples mortels. Au travers de ses personnages, il pose des questions existentielles et des réflexions si lointaines qu’elles se heurtent à mon esprit pragmatique. Je ne suis donc qu’une spectatrice émerveillée qui est plongée corps et âme dans les histoires que l’auteur nous livre.

À l’instar d’Apostasie nous avons aussi une histoire dans l’histoire. Un système narratif que l’auteur maîtrise à merveille. Quel que soit le personnage que nous suivons, nous sommes happés, immergés et stupéfiés par toutes ces histoires reliées par le temps.

Les personnages sont à l’image de la plume et de l’ambiance : mélancoliques, bizarres, beaux avec cette sensation qu’ils sont intouchables, qu’ils évoluent dans un espace-temps que nous pouvons à peine envisager. Pourtant, je me suis sentie proche d’eux, quand bien même la vision de la vie de Rachel est totalement éloignée de la mienne, j’ai été prise d’emblée de sympathie pour elle. Cette jeune femme est à la fois étrange et familière à mes yeux. À côté de cela, j’ai été fascinée par Cléopâtre, choquée par la cruauté d’Athalie, époustouflée par l’indéfinissable Adriel, touchée par Léopold et Egmont.

Ce roman est magnifique, maîtrisé du début à la fin et d’une très belle justesse. La fin était un peu étrange mais elle m’a convenu. L’auteur nous parle d’artistes qui me sont malheureusement inconnus, sa culture en poésie et œuvres gothiques transparait et nous immerge d’autant plus dans son récit.

C’est donc une lecture poétique d’une beauté toute mélancolique qui m’a transportée et qui me confirme que le talent de Vincent Tassy est indéniable.


 Ma note : :star::star::star::star::star:

Chronique : Chroniques d’Oakwood

Marianne Stern
Autrice francophone 
Chat Noir
Fantastique
14,90 €
199 pages

Il me semble que j’avais reçu ce roman en cadeau lors d’une grosse commande auprès de la maison d’édition. Je connais de nom Marianne Stern mais je n’avais pas encore l’occasion de lire ses textes. 

Le récit est composé de courtes histoires sur le village d’Oakwood qui s’entremêlent avec brio. Nous suivons l’évolution du village au travers de l’histoire de sa sorcière à des époques différentes. Nous y voyons la genèse de cette sorcière, ses actes mais aussi leurs conséquences sur les autres habitants. 

L’ambiance à la fois mystérieuse de la sorcellerie et de l’époque (nous sommes dans les années 1600) est bien retranscrite, j’ai été immergée dans cet univers grâce aux différents personnages que nous suivons et qui sont tous bien travaillés. Ils sont tous attachants à leur manière alors j’ai apprécié passer du temps en leur compagnie qu’ils soient présents juste pour une histoire ou bien tout du long. Il semble que l’autrice ait écrit plusieurs nouvelles publiées séparément sur cet univers et les ai rassemblées et agrémentées ici. Le lien est très bien fait, l’ensemble du recueil forme une histoire cohérente et intéressante.

La demoiselle d’Oakwood, la sorcière principale, est une héroïne discrète mais touchante, loin des représentations habituelles des sorcières. J’ai ressenti beaucoup de douceur et de mélancolie lors de ma lecture. J’aurais quand même aimé la voir davantage, en apprendre plus sur sa vie adulte et sur James tant ces personnages m’ont touché.

Ce court roman est une belle découverte. Les thématiques y sont sombres, la mort guette souvent nos personnages, s’ils ne le sont pas déjà au départ. Pourtant j’ai aussi ressenti de l’espoir, de la beauté. L’amour et le bien finissent par triompher malgré les injustices. L’ensemble forme un livre triste mais beau. Mon seul bémol provient d’un tic d’écriture pour décrire les personnages quand ils sont au nombre de deux : « la paire ». Le terme est assez peu employé en général en littérature, mais ici il est systématique ce qui me détournait de ma lecture à chaque fois. Hormis ça, la plume de l’autrice est jolie, poétique et sombre à la fois. Cela convenait parfaitement à la thématiques générale.

Ce fut donc une belle découverte de mon côté, je suis contente d’avoir enfin pu lire un de ses romans.

Info de dernière minute : le timing est parfait (ce n’était même pas prémédité !) mais l’autrice a réinventé toute l’histoire pour la transformer en un roman unique totalement indépendant de l’œuvre d’origine. Le roman est en pré-commande jusqu’au 15 juillet 2020 et je pense bien me laisser tenter 🙂

 Ma note : :star::star::star::star::star-empty:

Chronique : The Dark gates of madness

Frédéric Livyns
Auteur francophone, voir le site
Graham Masterton
Traduction : Christophe Corthouts
Illustrations : Christophe Huet 
Éditions Séma
Fantastique/horreur
18 €
206 pages

Ce recueil de nouvelles se lit très vite, servi par deux auteurs rompus à l’exercice des nouvelles et des textes horrifiques. Leurs plumes se mêlent bien. J’ai déjà lu deux romans de Graham Masterton que j’ai plus ou moins appréciés alors c’était l’occasion de le découvrir en nouvelles et de faire connaissance avec Frédéric Livyns. Leurs deux styles sont assez proches ce qui rend l’ensemble du recueil cohérent et fluide. Chaque nouvelle est accompagnée de deux illustrations de Christophe Huet, aussi dérangeantes que belles pour certaines.

Comme c’est noté sur la couverture c’est un texte pour public averti. D’ailleurs la couverture avec son effet ancien est très bien faite, mon compagnon m’a demandé de quand datait le livre, preuve que ça fonctionne !

Nous avons donc 3 nouvelles pour chaque auteur. Globalement j’ai bien apprécié ma lecture, les deux auteurs parviennent à nous plonger à chaque fois dans leur univers et dans ces histoires différentes autour de nouveaux personnages. La seule que j’ai moins apprécié est Résonances maléfiques (G. Masterton) que j’ai trouvé plus floue et moins prenante. Les autres sont sympathiques, bien glauques et gores à souhait, mises en valeur par les illustrations de Christophe, en particulier celle de Zombio (F. Livyns) est criante de réalisme !

La palme de la nouvelle la plus bizarre revient à Septisémie de G. Masterton qui est hyper dérangeante et dégoûtante. Où donc est-il allé chercher ça ? On a aucune explication sur le comportement de ce couple mais pourtant ça fonctionne. J’avais parfois l’impression d’être un voyeur c’était très perturbant… et c’est pour ça qu’on lit ce genre de texte. Le plus beau des cadeaux du même auteur est aussi très spéciale, avec des détails glaçants sur de l’automutilation qui m’ont fait froid dans le dos. La morale à la fin est un peu étrange, j’aurais vu autre chose mais en tout cas l’aspect horrifique est bel et bien présent… sans avoir besoin de monstre.

Les nouvelles de Frédéric Livyns sont efficaces, avec des thèmes plus classiques comme les zombies (Zombio) ou la vengeance (A l’aulne de ta souffrance) mais qu’il a su sublimer. J’ai plongé tête la première et j’ai bien grimacé à la lecture de certains passages bien gores… surtout que je lis au petit déjeuner donc autant vous dire que La Bouche de l’ancien, mieux vaut pas la lire en mangeant ses céréales. Le stress et le sentiment d’oppression sont bien présents ; tout comme certains personnages, on ressent l’urgence de sauver notre peau. En tout cas cela m’a donné très envie de découvrir ses autres textes car son écriture est agréable, ses personnages bien campés et ses idées intéressantes.

En conclusion un recueil qui se lit vite mais bien. Les nouvelles sont dérangeantes, sanglantes et immersives. J’ai passé un très bon moment avec ces deux auteurs qui maîtrisent aussi bien le format de la nouvelle (ce qui n’est pas une mince affaire) que de la thématique de l’horreur.



 Ma note : :star::star::star::star::star-empty:

Chronique : Rouge Venom

Morgane Caussarieu
Naos
Young adult, Fantastique
14,90 €
282 pages

Depuis que je suis entrée dans l’univers vampirique de Morgane Caussarieu, j’ai été happée par sa plume, ses idées et ses personnages hautement addictifs. Toutes mes lectures ont été formidables, avec un coup de cœur pour Dans les veines. Même si cette série avec Barbie et Farouk est plus orientée pour les jeunes, elle garde des traces sanglantes et a son lot de tripailles et de morts. Ce n’est donc pas à mettre entre toutes les mains, soyez prévenus. Je vous déconseille de lire mon avis si vous n’avez pas lu le premier tome Rouge toxic, car c’est la suite directe et vous risquez des spoilers. 

J’ai eu un immense plaisir à retrouver son bande vampirique, surtout J.F. ne nous cachons pas. Ce vampire punk est absolument génial. En tant qu’héroïne, c’est sûr qu’un sombre Farouk ou un mélancolique Damian (Dans les veines) sont plus attirants, ce sont les Angel tandis que notre J.F. est le bon vieux Spyke (en version initiale, sans âme). Et Gaby, en voilà un personnage glaçant ! J’ai beaucoup aimé le lien avec Je suis ton ombre (même si j’avais oublié la fin) ; tous les romans sont liés et cela renforce le côté famille de cette bande de Vampire dans laquelle Barbie est projetée. 

Dans ce deuxième tome, nous abordons d’autres thématiques sur ce qui fait de nous des monstres au final… notre nature ou nos actes ? Peut-on lutter contre sa propre nature ? C’est ce qu’essayent de faire Farouk et Emma avec un traitement qui les délivre de leur addiction au sang. Est-ce que ça va fonctionner… surtout avec un J.F. qui ramène des casse-croûte à la maison, telle est la question.

Barbie prend ici une nouvelle ampleur, je ne reste pas sa plus grande fan, heureusement qu’on alterne les points de vue avec les autres de la bande, mais elle n’est pas inintéressante et elle connaît un sacré virage sur la fin. A présent qu’elle connait sa nature de tueuse de vampire à l’insu de son plein gré, elle aussi lutte contre sa nature pour ne pas tuer les vampires qui sont proches d’elle, à commencer par Farouk, accessoirement son amoureux. On se pose alors la même question : parviendra-t-elle à lutter contre sa nature ?

Farouk est un personnage captivant aussi, il dégage une aura exotique, fascinante très bien décrite. Il donne vraiment envie de le rencontrer, c’est un être à part, in touchable, difficile à cerner. Il tranche complètement à côté de J.F. et pourtant leur complicité est touchante. Tous ces personnages, peut importe leur degré de malfaisance, sont touchants, attachants et nous forcent à l’empathie. 

Le roman est prenant, sanglant et avec des retournements de situations inattendus, jouissifs et effrayants. La fin est un bon mélange d’espoir, d’apaisement, de retour de karma et de promesse sanglante. Dans la lignée de tous les romans de l’autrice en somme ! 

Une excellente lecture comme toujours 🙂 J’attends impatiemment ses prochains romans.



 Ma note : :star::star::star::star::star:

Chronique : Aberrations

Joseph Delaney
Traduction : Marie-Hélène Delval
Bayard
Fantastique/jeunesse
14,90€
342 pages

Des amis nous ont prêté ce premier tome sachant que nous aimions mon compagnon et moi toutes les séries de Joseph Delaney. 


Nous retrouvons dans Aberrations tous les ingrédients qui font la réussite de l’auteur : un héros jeune, courageux, débrouillard, qui ose se dresser contre l’injustice et qui désobéit très souvent aux adultes afin de venir en aide aux siens. 

Pour autant, la sauce prend toujours et chacun de ses héros, malgré leurs ressemblances, ont leur propre voix. Bon je n’ai pas trop accroché aux différents surnoms des jeunes personnages c’est mon seul bémol… mais qui est quand même pas si anodin car il bloque une partie de l’identification. L’usage de ces surnoms (anglo-saxons en plus) me les a rendus moins tangibles. Dommage.
Ce nouveau monde est encore plus dangereux et difficile que les précédents avec la présence de cette brume (le Shole) qui transforme les êtres vivants en monstre. Son omniprésence et son expansion aléatoire renforce le sentiment de stress permanent et d’urgence tout au long du roman. J’ai retrouvé l’ambiance fantastique et sombre de l’Epouvanteur avec des créatures horribles et dangereuses. 

Le danger vient également de l’intérieur et des humains lambdas qui, pour certains, n’ont rien à envier aux monstres. J’ai beaucoup aimé ce traitement et ce qu’il advient du « méchant » de l’histoire. 
L’injustice est aussi un sentiment fort de ce roman car Crafty est à la fois un élément clé pour les adultes car il peut traverser la brume sans être transformé, et en même temps il est traité comme un moins que rien. Son poste s’appelle d’ailleurs « mouche de coche » ce qui en dit long sur le peu de considération que les adultes ont pour lui. 
J’ai bien aimé les autres jeunes personnages du récit qui deviennent ses amis, notamment Click qui est prometteuse et Bertha aussi qui a un rôle central important. Encore une fois, l’auteur a certes des héros masculins mais il sait placer des héroïnes crédibles, puissantes et indispensables au récit (et très souvent dotées d’un sacré caractère, ne le cachons pas !)

En bref j’ai passé un très bon moment d’angoisse et de mystère avec ce premier tome. Après un tome 14 un peu en deçà niveau fantastique de l’Epouvanteur, je suis heureuse de retrouver un peu plus de monstres et de peur dans un roman de Joseph Delaney.


 Ma note : :star::star::star::star::star-empty:

Chronique : Hex

Thomas Olde Heuvelt

Traduction : Benoît  Domis
Bragelonne
Fantastique/horreur

20 €
378 pages

Voilà un roman qui m’a clairement attiré par la recommandation du maître King et je ne regrette pas du tout d’avoir demandé ce roman lors d’un précédent Noël. En quelques mots, nous suivons une famille qui habite dans une ville aux États-Unis qui a la particularité d’être maudite par une sorcière, Katherine. Quiconque s’installe dans cette ville, Black Spring, ne peut plus en repartir au risque de succomber à la malédiction.


J’ai été un peu déstabilisée au départ car nous débarquons directement dans la vie des personnages où la sorcière tient une place importante. Elle nous est à peine présentée tant elle fait partie du paysage et de leur quotidien. J’ai donc dû relire le 4ème de couverture pour bien comprendre. 

Il y a un étrange contraste entre l’ambiance générale de la ville qui semble plongée dans le passé et qui est pourtant ouverte au monde puisque des touristes peuvent y circuler. Les habitants jouissent de toute la modernité, comme Internet, même si certaines choses leurs sont interdites. Car le public ne doit pas apprendre l’existence de Katherine. Les habitants peuvent aller librement dans d’autres lieux… tant qu’ils reviennent rapidement. Au bout d’une semaine, les premiers symptômes de la malédiction apparaissent. 

Nous voilà donc plongés dans le quotidien de la famille Grant. L’intrigue prend le temps de s’installer gentiment, ainsi le lecteur comprend mieux le contexte et tout comme les habitants de Black Spring, nous nous habituons à Katherine… quitte à ne plus envisager le danger qu’elle représente. Jusqu’à ce que des adolescents décident de s’en mêler.

J’ai retrouvé l’influence de Stephen King dans la façon de construire l’histoire, de décrire les scènes marquantes et dans le profil des personnages. Mais rassurez-vous l’auteur a sa propre patte originale. 

Les personnages de la famille Grant sont sympathiques mais j’ai eu surtout de l’affection pour Tyler, le fils aîné. Globalement, je n’ai pas forcément été attachée aux autres, ni même aux « méchants » car  la véritable héroïne c’est bel et bien Katherine. Elle a un fort charisme et on s’attache curieusement à elle malgré le fait qu’elle ne parle pas et que nous ne sommes pas depuis son point de vue. Les idées développées sont bonnes et bien plus profondes qu’elles n’y paraissent au premier abord. Au travers de Katherine, pourtant vieille de plusieurs siècles, l’auteur traite de plusieurs thématiques très modernes. J’ai particulièrement apprécié le fait qu’on ne sait pas toujours ce qui relève réellement de la malédiction ou bien des conséquences naturels des actes des personnages.

Un peu comme dans Dôme du maître King, le fait de vivre en huis-clos (même si Black Spring reste ouverte au monde), exacerbe le pire chez les gens et on retrouve les mêmes genre d’abus par les personnes de pouvoir et surtout le terrifiant effet de foule dont la bêtise me glace toujours autant d’effroi. 


A la moitié du roman, les choses commencent à déraper. Certaines scènes étaient vraiment flippantes et prenantes. Des rebondissements sont très bien trouvés et j’ai été soufflée par des conséquences sur lesquelles je ne peux pas m’attarder sous peine de vous gâcher le plaisir. 


La fin, pourtant grandiose, m’a laissé un peu sur ma faim. Soit l’auteur en a trop dit sur Katherine soit pas assez. Dans les remerciements, l’auteur nous indique qu’il a profité de la traduction de son roman en anglais (à la base il est néerlandais) pour modifier la conclusion… sans nous dire en quoi elle diffère ! 


En résumé cela a été une très bonne lecture, bluffante, prenante et terrifiante. Les idées sont vraiment originales et la réussite tient beaucoup au personnage de Katherine.Mon année de lecture commence très bien ! Je vais surveiller cet auteur de près.


 Ma note : :star::star::star::star::star:

Chronique : Thomas Ward l’Epouvanteur

Joseph Delaney
Traduction : Marie-Hélène Delval 
Bayard Jeunesse
Jeunesse, fantastique
14,90 €
331 pages

La saga principale L’épouvanteur a été un vrai coup de cœur pour moi, donc c’est tout naturellement que je me suis procurée la suite des aventures de Tom Ward. J’ai replongé avec plaisir dans l’univers bien que globalement, c’était moins sombre que la saga principale. Il faut dire que l’auteur nous avait laissé avec un nouvel ennemi et je trouve qu’on s’éloigne de l’ambiance d’origine pour aller plus sur celle de sa série Arena 13. C’est moins fantastique et plus tourné vers l’action. 

Pour autant, j’ai apprécié de revoir Tom qui est un personnage vraiment sympathique et attachant. Il a été changé par la fin de la première saga et on le retrouve moins sûr de lui, solitaire et il m’a franchement fait de la peine. C’est un jeune homme intelligent, qui sait reconnaître ses erreurs et qui n’a pas peur de briser ses habitudes pour affronter les événements. Il a beaucoup de courage. 

On retrouve aussi Grimalkin, un des personnages les plus marquants de cette série. La grande nouveauté vient de Jenny qui apporte une touche féminine et plus fraîche à cette nouvelle saga. Elle est cependant assez têtue et agaçante. Un peu comme Kwyn de Arena 13. Je préfère largement Alice, la sorcière et amie de Tom. 

Dans ce premier tome, l’auteur replace ses pions après la fin de la saga précédente et poursuit le travail de fond réalisé sur les nouveaux ennemis, les Kobalos. On a un plus grand aperçu du vaste monde dans lequel évolue Tom et on sent que l’auteur en a encore pas mal sous le capot. J’espère juste qu’on retrouvera plus l’ambiance fantastique dans les prochains tomes. Ça tombe bien j’ai déjà le prochain tome que je vais lire rapidement.



 Ma note : :star::star::star::star-empty::star-empty:

Chronique : Démons

Shirley J. Owens
Autrice francophone, voir le site 
Séma Editions
Young Adult/ Fantastique
18 €
301 pages

J’ai un peu honte de lire ce livre 3 ans après sa sortie, d’autant que je l’avais pré-commandé ! Mais mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ? 

Je me suis donc plongée dans ce premier roman de Shirley. L’univers est très sombre, déprimant et assez glacial. L’autrice a bien su dépeindre son ambiance et je me suis plongée dans son univers avec l’espoir assez fou de trouver au fil des pages une lueur à laquelle me raccrocher. L’ambiance sombre m’a contaminée le temps de ma lecture, c’est dire qu’elle était bien travaillée. 

Nous suivons notre héros Aldavir, je ne dirais pas avec plaisir vu toutes les horreurs qu’il traverse, mais avec intérêt et cet espoir tenace qu’il va s’en sortir. Qu’il mérite de s’en sortir même si tout joue contre lui.  Il est attachant et dégourdi et on souhaite en apprendre plus sur l’origine de sa malédiction. C’est un jeune garçon bien équilibré, avec ses qualités et ses défauts que je suis contente d’avoir appris à connaître.

L’histoire est violente et sanglante mais tout est cohérent et justifié. L’intrigue se déroule en plus dans des contrées du nord soumises à un environnement difficile et froid qui renforce encore plus l’ambiance du roman. L’humanité y est montrée sous son jour le moins glorieux. On a vraiment pas envie d’aller mettre le pied dans cette région !

L’histoire se découpe en deux grosses parties. J’ai préféré la première, centrée autour du village de Burnwick, il y a plus de mystère, de tension et de suspense. La deuxième n’est pas dénuée d’intérêt, mais j’y ai trouvé le traitement d’Aldavir un peu déjà-vu. Cette partie nous permet en revanche d’en apprendre plus sur d’autres personnages, notamment Henrik qui est le plus complexe et intéressant de tous à mes yeux. La petite Ida, même si on ne la voit pas beaucoup et si elle n’est pas vraiment au coeur de l’action, reste présente tout du long du roman. Son courage et sa résistance forcent le respect et on espère qu’elle aussi pourra s’en sortir. 

J’ai donc passé un bon moment même si quelques passages étaient un peu flous, notamment en ce qui concerne les transformations des personnages suite à leur malédiction. C’est en tout cas un bon roman de young adult qui change et qui prend aux tripes. 




 Ma note : :star::star::star::star-half::star-empty: