Chronique : Bpocalypse

Ariel Holzl
Auteur francophone 
L’Ecole des Loisirs
Young Adult/post-apo
413 pages
17 € pages

J’ai reçu ce roman dans le cadre d’une masse critique de Babelio, que je remercie donc.

J’ai été ravie de lire un nouveau roman d’Ariel Holzl (pour rappel mes avis sur les Sœurs Carmines Tome 1, Tome 2, et Tome 3, ainsi que celui sur Lames Vives). On retrouve ici la plume cynique, l’humour noir et toute l’imagination débordante de l’auteur. J’avais été moins séduite par Lames Vives, malgré son univers sympathique, ici j’ai renoué avec mes émotions à la lecture de sa trilogie des Soeurs Carmines.

J’ai passé un super moment en compagnie de notre héroïne Samsara qui n’a pas sa langue dans sa poche, ni sa batte; J’ai aimé son franc-parler, son côté brut de décoffrage et surtout le fait qu’elle commet des erreurs comme tout un chacun. Ses amis Yvette et Danny étaient chouettes, ils formaient un groupe sympa. J’ai bien aimé aussi les Jumeaux même s’ils restent très mystérieux avant la fin et que j’aurais aimé une plus forte implication de l’ami Søren. Et puis il y a Michael… mais je ne peux rien dire sans spoiler. Bref, nous avons une belle brochette de personnages différents avec qui j’ai aimé passer ces 400 pages.

L’histoire est prenante, le gros point fort étant cette ville de Concordia, touchée par l’apocalypse et dont chaque quartier présente de nouvelles spécificités… et dangers ! L’auteur a pu s’en donner à cœur joie dans les monstres et mutations et ça se ressent. Tout était très inventif et immersif. Le fait que nous suivions des ados qui ont grandi dans ce contexte post-apo nous donne une impression de normalité qui renforce le ton décalé et humour noir du roman. Mon seul bémol concerne l’extérieur de la ville qui est un peu convenu.

L’auteur traite de différents sujets avec justesse, l’histoire est prenante, bourrée d’action, d’humour, de faux semblants. J’ai passé un super moment et j’attends donc avec impatience les prochains ouvrages d’Ariel Holzl. La couverture donne vraiment le ton, elle est bourrée de détails et la carte au début du livre était très utile.


 Ma note : :star::star::star::star::star:

Chronique : B.O.A. T1 Loterie funeste

Magali Laurent
Auteur francophone (voir le site)
Editions de la Mortagne
 Fantasy
24,95$
446 pages
J’ai reçu ce livre en service presse lors d’une masse critique Babelio. Je ne connaissais ni l’auteure, ni la maison d’édition mais c’est toujours intéressant de découvrir de nouvelles plumes. Globalement, les idées m’ont bien plu, il y a un background intéressant à développer et certains concepts sont prometteurs. La plume est efficace, épurée et dénuée de fautes, avec un rythme addictif néanmoins j’ai trouvé que l’ensemble manquait d’âme, de voix, de personnalité.

Il y a de l’idée vraiment dans ce roman mais à mes yeux ce n’était pas assez abouti, assez travaillé. Le background est expliqué dans le prologue mais après on a plus aucune information de comment les BOA continuent de naître… est-ce héréditaire ? Il nous manque beaucoup de cartes pour bien comprendre le contexte et être emporté dans l’univers. Je suis restée très en périphérie, incapable de m’imaginer comment ça se passe dans le reste du monde ni quelle serait ma place là-bas. J’aurais préféré que l’auteure s’attarde dessus plutôt que de décrire trente-six fois les tenues des jeunes gens.

Globalement c’était un peu trop manichéen à mon goût avec les humains gentils et les BOA (des vampires en fait) méchants, même s’il y a des résistants et des individus plus compréhensifs chez les BOA, les humains sont réduits en esclavage et gâchés…après avoir été exterminés. Ce qui est complètement contre-productif puisque les BOA ont besoin de sang humain pour survivre. Alors pourquoi torturer et tuer des humains déjà en sous-nombre ? Le schéma est assez classique du coup et n’apporte pas grand-chose à la réflexion car nous sommes dans un énième tableau : maître abusif/esclave.

Nous suivons les 6 jeunes rendus immortels pour la loterie selon le point de vue de deux filles du groupe, plus nous avons le point de vue d’un résistant et de manière sporadique de deux ou trois autres personnes, ce qui est assez maladroit car ces passages là n’apportent pas grand-chose alors que l’auteure aurait pu approfondir ses propos du côté psychologique et du contexte. Il a été difficile pour moi de m’attacher aux personnages ou de ressentir beaucoup d’empathie car leurs comportements, et surtout ceux des deux héroïnes Oxana et Cléo, sont clairement incohérents. On nous décrit Cléo comme une séductrice qui a vécu dans une bulle (littéralement, elle n’est jamais sortie de son appartement) alors qu’elle ignore ce qu’est un baiser et est d’une passivité à toute épreuve. Ce n’était pas du tout crédible. On ne peut pas être une séductrice (dans tous les sens du termes, pas seulement femme fatale) et en même temps d’une telle naïveté. En outre elle a été élevée sciemment pour plaire aux BOA mais ne s’est jamais demandée comment ça allait se passer quand ils croqueront dans sa jugulaire.

A l’opposé on nous présente Oxana comme une jeune fille combattive qui veut se révolter contre le système mais qui ne fait quasiment rien. Pour la rebelle, on repassera. Les quelques fois où elle a un sursaut de révolte, c’est amené d’une manière peu crédible. Seuls Dennys et Killian sont parés d’une histoire intéressante qui rend leurs réactions crédibles et leurs personnages plus touchants. Les autres jeunes ne seront que peu exploités. Les organisateurs de la loterie sont tous des pourris et visiblement, il suffit de demander au technicien de trafiquer les numéros pour que ça passe… la Française des Jeux serait ravie de l’apprendre !!

Les ficelles qui tissent les relations entre les jeunes gens sont visibles à des kilomètres. Les rebondissements de la fin n’en sont pas. Encore une fois je ne vois pas l’intérêt de briser les jeunes gens et de les torturer alors que de toute manière ils sont dans l’incapacité de fuir. Il y aussi des choses bizarres, comme le fait qu’on a l’impression d’être dans un monde post-apo avec une régression de la société d’un côté mais toute la technologie est là, dont des hélicoptères. Le flou conservé autour du contexte n’a pas aidé à rendre le tout concret ou crédible. Ces jeunes gens sont restés dans l’ignorance totale de la société mais ils savent ce qu’est une limousine, un hélicoptère mais pas du champagne ou du maquillage. D’ailleurs, passer autant de temps à nous parler du maquillage et des tenues des filles au détriment du contexte ou d’un approfondissement des personnages c’était maladroit en plus d’être inintéressant.

Bref, vous l’aurez compris, ce roman ne m’a pas convaincu. Ceci dit il s’est lu vite, servi par un rythme entraînant et peu de temps mort mais l’intérêt n’y était pas, l’envie de suivre et de soutenir les héros non plus. Les idées de base sont sympathiques mais ça manque d’aboutissement à mes yeux.
Je remercie néanmoins Babelio et les Editions de la Mortagne pour cet envoi.

Ma note : :star::star::star-empty::star-empty::star-empty: