Chronique : La main de l’Empereur T2

Olivier Gay
Auteur francophone, voir la page Facebook
Bragelonne poche
Fantasy
7,90€
453p

J’ai été contente de retrouver Rekk et son grand sens de la diplomatie. Certains éléments pour la suite (qui est en fait sortie avant, Les Épées de Glace) commencent à se mettre en place. J’avais eu également un coup de cœur pour le premier tome de cette préquelle. Cela m’a même donné envie de relire la suite car j’ai oublié pas mal de chose depuis le temps. En particulier, je crois me souvenir que le Duc Gundron a une place importante dans le récit d’origine dont je ne me souviens pas assez. Par contre, si la raison pour leurs querelles est uniquement liée à ce qui se passe dans ce tome je trouve ça un peu léger.

D’ailleurs, tout se passe assez vite, dans la narration tout du moins car apparemment dans les faits le temps est plus étalé, mais sans aucun repère temporel clair, cela m’a perturbé. En particulier, j’avais souvenir d’un Rekk vieux dans Les Épées de Glace, je lui aurais donné 60 ans d’après les descriptions mais cela ne colle pas avec la naissance de Deria sauf si les années ont passé sans que le lecteur ne soit au courant.

La fin est aussi un peu trop rapide à mon goût. Le destin de Bishia est bien connu des lecteurs des Épées de Glace alors j’ai trouvé que c’était trop vite traité. Le personnage dans le T1 n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais, elle avait plus de ressources et de complexité que prévu, alors j’avais de grands espoirs pour elle, or ce n’est pas assez exploité à mon sens. C’est dommage car Dareen aussi est un moins mise en avant et à part à la toute fin, elle est mise de côté.

J’ai donc moins aimé ce tome, même s’il y a de l’action, que les rouages se mettent en place et que Rekk doit prendre des décisions difficiles. Enfin, pour lui ça semble simple mais les conséquences de sa loyauté et de sa naïveté précipitent son destin. Pour l’histoire de Rekk ce tome reste intéressant, le personnage reste égal à lui-même, et comme je le disais plus haut, cela m’a donné très envie de relire les Épées de Glace mais tout m’a semblé trop rapide et trop survolé pour des personnages aussi importants que Bishia et Dareen. Je suis donc un peu déçue car je sais qu’on aurait pu avoir quelque chose de plus grandiose et poussé.

Ma note :  :star::star::star::star-half::star-empty:

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Chronique : Olangar, une cité en flammes

Clément Bouhélier
Auteur francophone, voir la page Facebook
Critic
Fantasy
24€
668p

Après avoir adoré la premier tome Olangar Bans et Barricades (voir mes avis pour la partie 1 et la partie 2) je me suis replongée avec un grand plaisir dans l’univers d’Olangar. Le premier tome se suffisait à lui-même, la fin était cohérente et bien bouclée. Nous avons donc ici une nouvelle intrigue avec les mêmes personnages et de nouveaux. Le dépaysement est encore une fois garanti, l’action est au rendez-vous, le courage, le suspense également.

J’ai été très heureuse de retrouver l’intrépide Evyna qui a bien grandi dans ses responsabilités depuis le précédent tome. Elle force toujours le respect et remplit parfaitement son rôle d’héroïne à qui l’on souhaite ressembler. J’ai été ravie de la retrouver et de voir qu’encore une fois, elle n’écoute que son courage et va au-devant du danger, prête à porter l’intrigue de ce roman.

On retrouve aussi d’autres personnages, je ne vous en dis pas plus pour conserver la surprise. Parmi nos chers nains, j’ai eu un peu moins de facilité à me glisser à leurs côtés. Il est difficile d’égaler Baldek ! Parmi les nouveaux personnages, j’ai tout de suite apprécié le jeune Keiv, qui est très intéressant et apporte un vent de fraîcheur dans cette histoire tout de même sombre et difficile.

Malgré ses presque 700 pages, j’ai englouti ce roman. J’ai été tout de suite immergée par l’histoire et la plume parfaitement maîtrisée de l’auteur. Tous les personnages sont fouillés, on veut connaitre leur histoire et leur destin, et bien sûr on veut que les manigances politiques soient révélées au grand jour. Mais rien n’est jamais simple à Olangar. J’aime cet aspect que rien n’est gagné, voire que tout est presque perdu, cela change et fait bien plus réaliste.

Les réels desseins restent bien cachés tout au long du roman. Si l’auteur a distillé des indices, je n’en ai trouvé aucun ! J’ai été aussi surprise et désemparée que nos chers personnages. Encore une fois l’action a une belle place dans le roman avec de grandes et spectaculaires batailles sanglantes et terribles. L’auteur devait se réinventer après l’impressionnante scène de bataille du train de Bans et Barricades. Le pari est réussi ! Au-delà, l’auteur nous dépeint également des combats sociaux et politiques parfaitement transposables à notre époque.

Vous l’aurez donc compris, j’ai adoré ma lecture. La violence côtoie l’humain dans cette aventure palpitante, dépaysante et prenante. Je vous la conseille très fortement.

Ma note : :star::star::star::star::star:

Chronique : Zothique & Averoigne

Clark Ashton Smith
Traduction : Julien Bétan  
Mnémos
Fantasy
459 pages (intégrale prestige)
19€ (volumes séparés grand format)

Je n’avais jamais entendu parler de l’auteur Clark Ashton Smith quand j’ai vu le projet de financement participatif de la maison d’édition Mnémos pour publier en 2 intégrales l’ensemble de ses textes en Fantasy dans une toute nouvelle traduction. Le rendu est magnifique, avec des couvertures rigides et demi-toilés, de sublimes illustrations intérieures, des signets, un coffret… Le succès était tel que l’équipe a rajouté un 3ème tome. J’ai donc cédé à l’appel, car les couvertures sont somptueuses et que j’étais très curieuse de découvrir cet auteur ami du célébrissime H. P. Lovecraft. Je n’arrive pas à croire que cela date déjà de 2017… donc trois ans plus tard j’ai enfin sorti de son beau coffret le premier volume.

Mais un roman n’est pas qu’une belle couverture, alors qu’ai-je pensé de ma lecture qui m’a quand même occupée plus d’un mois ? Déjà sachez que c’est un recueil de nouvelles, que l’auteur a publiées au gré de sa vie et qui sont regroupées en fonction des mondes dans lesquels elles se déroulent. Dans la première partie, nous nous trouvons donc sur Zothique, le dernier continent. J’ai beaucoup aimé les textes en rapport avec Zothique. L’auteur avait un style très poétique, très riche et envoûtant. Je salue les talents du traducteur ! Les préfaces m’ont permis aussi d’avoir une deuxième lecture de ces textes, avec une vraie réflexion que je n’ai pas pu avoir lors de ma lecture, trop occupée que j’étais à m’imprégner du style de l’auteur et à m’évader dans ses mondes imaginaires. Heureusement des personnes bien plus douées en analyse littéraire que moi se sont penchées sur la question et mettent en avant les intentions et les inspirations de l’auteur, en relation avec sa vie de l’époque.

Zothique a une ambiance clairement sombre, on rencontre sur ce continent à l’agonie, ravagé et en partie désertique de nombreux nécromanciens, ce qui m’a ravi. J’ai été tout de suite transportée sur ces terres dangereuses, décadentes où beaucoup des quêtes se révèlent funestes et où il faut se méfier de ses souhaits. Squelettes, liches, sorciers et autres créatures monstrueuses et/ou trompeuses foulent ce sol, dont la magnifique carte en début de roman a été d’une grande aide. Ces nouvelles laissent peu de place à l’espoir, aux belles histoires et aux personnages avec un bon fond.

Aveirogne, d’après la préface est inspiré de notre bonne vieille Auvergne. L’ambiance est très différente, plus ancrée dans une fantasy classique et moins sombre. La magie y est certes dangereuse mais moins portée sur la nécromancie, même si nombre de sortilèges sont présents entre les pages. J’ai un peu moins apprécié ce recueil comparé à Zothique mais ceci n’est vraiment qu’une historie de goût ; j’ai toujours été fascinée par les nécromants.

Certains textes ont clairement une morale, comme Le Voyage du roi Euvoran , le sombre Eidolon , Les mandragores , le Faiseur de gargouilles … D’autres piègent des personnages entre les griffes de personnes mal intentionnées, comme l’abbé noir de Puthuum , l’île des tortionnaires , la mère des crapauds.

J’émets quand même quelques précautions. Ces textes ont été publiés dans les années 1930, écrits par un auteur américain né en 1893 et sont donc empreints des codes et thématiques de cette époque qui ne correspondent plus à la plupart des valeurs actuelles. A mon sens, il faut donc prendre une distance critique pour lire certains textes et les replacer dans leur contexte historique.

En conclusion, je suis quand même contente d’avoir pu découvrir cet auteur culte, sa plume incroyable, son univers de Zothique si inspirant et immersif. Je ne regrette donc pas mon achat et je compte bien lire les deux autres volumes de ce coffret prestige.


 Ma note : :star::star::star::star::star-empty:

Chronique Nobliaux et Sorcières

Terry Pratchett
Traduction : Patrick Couton 
L’Atalante
Fantasy
350 pages
19,90 € pages

Mon amie Elyra m’a offert ce roman car, honte à moi, je n’avais encore jamais lu de Terry Pratchett bien que je le connaisse de nom et de réputation. Commencer par son 14ème livre dans son vaste univers du Disque-Monde n’a pas été handicapant car apparemment ils peuvent à peu près tous se lire de manière indépendante. Connaissant bien mes goûts mon amie m’a choisie le livre où il est question d’une licorne.

Au début, je ne vous le cache pas j’ai été sceptique face à l’humour absurde de l’auteur mais petit à petit j’en ai compris les codes. Sa plume fluide, extrêmement maîtrisée et son univers riche m’ont convaincue. Ses personnages sont atypiques et tranchent avec les standards actuels de la fantasy avec des sorcières au physique (et au caractère) peu avenant, des mages plus érudits que manipulant des sorts et des elfes plus proches des psychopathes que des gentils résidents de Fondcombe !

L’intrigue fait suite à des événements précédents que je n’avais donc pas lus, mais je n’ai pas été perdue pour autant, le tome est effectivement autonome. Les personnages, bien qu’atypiques et très nombreux, se sont révélés attachants une fois que j’ai bien pu tous les différencier. J’ai bien aimé les trois sorcières, surtout Magrat avec sa naïveté touchante. J’ai passé un bon moment de lecture, c’était divertissante, dépaysant, assez déroutant mais plutôt drôle au final. Le groupe des mages notamment est assez loufoque. L’auteur soulève des questions de bon sens et de société. Grâce à son humour, il arrive à décrire avec un grand sérieux apparent les grands clichés de la ruralité avec les habitants du royaume de Lancre et de l’élitisme avec les mages.

Je suis donc contente d’avoir enfin pu découvrir cet auteur dont la réputation semble légitime. J’ai d’autres de ses romans qu’Elyra m’a prêté donc j’aurais l’occasion de revenir dans ce vaste univers du Disque-Monde. Il faut tout de même avoir l’esprit prêt à accepter du second degré pour lire ce genre de roman.


 Ma note : :star::star::star::star-half::star-empty:

Chronique : Les Chroniques Saxonnes T2

Bernard Cornwell
Traduction : Pascal Loubet 
Bragelonne
Fantasy
331 pages
22 € pages

L’ami Uthred est de retour ! Cela m’a fait plaisir de me replonger dans ses aventures, d’autant qu’on avait regardé la saison 4 peu de temps avant. Dans ce deuxième tome, nous voyons davantage un personnage que j’ai beaucoup apprécié dans la série, à savoir Leofric. Sa relation avec Uthred apporte une touche humoristique bienvenue compte tenu de l’ambiance générale toujours très assez plombante du fait de la guerre. Dans ce tome, le Roi Alfred, acculé, va en outre se cacher dans des marais où sévit la maladie, donc l’ambiance s’en trouve d’autant plus alourdie.

De nouveaux personnages font leur apparition comme le Père Pyrlig, très bien joué dans la série et le colossal Steappa, lui aussi très fidèle dans l’adaptation. Le fait d’avoir vu la série avant et tous ces personnages attachants, qu’ils soient saxons ou danes, me donne l’impression à ma lecture de retrouver de vieux amis.

L’intrigue est toujours très prenante, et historiquement passionnante avec la fuite d’Alfred, les dérives d’Uthred, les Danes à deux doigt de conquérir le tant désiré Wessex, l’importance grandissante de l’Église, etc. Uthred est de plus en plus tiraillé entre ses origines saxonnes et son éducation danoises. Il est extraordinaire car il arrive à se convaincre et donc nous convaincre lecteur (et spectateur) que ses choix sont toujours dictés par la loyauté et même si on a l’impression qu’il trahit l’un des camps, il parvient toujours à inverser la tendance. Uthred reste un ambassadeur pour les deux côtés et ça fonctionne.

J’ai trouvé malheureusement que la qualité narrative n’était pas toujours au rendez-vous. Je ne me souviens plus si c’était le cas dans le premier tome. Ici, j’ai trouvé que de nombreux passages manquaient d’empathie. Des morts, importants, sont traités sans susciter la moindre émotion au lecteur. J’ai tiqué plus d’une fois sur des répétitions de verbes, sur le manque de créativité et de vocabulaire diversifié. Sans la version originale, il m’est impossible de savoir si c’est l’auteur ou le traducteur qui en est à l’origine mais en anglais, comme en français, il existe une grande richesse de vocabulaire qui permet de nuancer et d’adapter des descriptions. J’ai trouvé cela plutôt pauvre dans ce tome.

Hormis ce point négatif, c’est toujours un réel plaisir que de me plonger dans cette partie de l’Histoire que je connais très mal et qui se révèle passionnante. La personnalité d’Uthred et tous les personnages qui gravitent autour de lui jouent beaucoup sur l’attachement que l’on ressent pour eux et sur notre envie de suivre leurs aventures.


 Ma note : :star::star::star::star::star-empty:

Chronique : Récits du demi-loup T3

Chloé Chevalier
Autrice francophone 
Les Moutons électriques
Fantasy
364 pages
19,90 € pages

C’était agréable de retourner dans le royaume du Demi-Loup. Je me suis rappelée sans trop de mal les divers événements même en l’absence de résumé. En dépit de la présence d’une épidémie mortelle, de conflits, de morts, de menace de guerre et des complots, j’ai toujours une impression de douceur et d’apaisement quand je lis les livres de cette saga. Le style de l’autrice, sa narration, le fait que certains événements nous sont racontés par des intermédiaires ou par lettre rendent l’ensemble de ces récits beaux et agréables à lire.

Ce troisième tome m’a fait l’impression d’être un intermédiaire, il place certains pions avant le dernier tome. Des choses avancent de manière cachée, on sent que bientôt tout éclatera au grand jour. Puisque c’est un troisième tome je ne peux pas trop rentrer dans l’intrigue au risque de vous spoiler.

Il y a de nombreux rebondissements dans ce tome, qui concernent toutes les suivantes et leurs reines. Des trahisons, des complots, des pertes jalonnent notre lecture. La situation semble désespérée pour nos héros alors je n’ose imaginer pour le peuple de ce royaume ! Cette même narration qui donnent un aspect apaisant au récit a néanmoins un inconvénient, c’est qu’on reste assez extérieur aux sentiments des uns et des autres.

En ce qui concerne les personnages, j’ai toujours une préférence pour Lufthilde et Cathelle. Nersès force le respect, elle qui continue de monter à cheval et de mener des armées en étant enceinte ! Son fils adoptif Crassu a bien grandi et prend dans ce tome une plus grande importance. Le prince Adelmor lui était plus effacé et m’a moins emballé. Depuis son passage dans les terres de l’Est le personnage n’est plus en adéquation avec mes attentes malheureusement. Les personnages secondaires sont intéressants, notamment Vigtan ou Crêm mais, tout comme des personnages ont fait les frais de l’immaturité des deux reines Calvina et Malvane, maintenant les personnages subissent les conséquences des actes de leurs trois suivantes.

J’ai hâte de connaitre le fin mot de cette histoire, en espérant que tous ces personnages auront enfin droit au bonheur et à un avenir clément ! Cette saga reste passionnante et vraiment très bien écrite.


 Ma note : :star::star::star::star::star-half:

Chronique : Les flots Sombres

Thibaud Latil-Nicolas
Auteur francophone 
Mnémos
Fantasy
21 €
347 pages

J’ai reçu ce roman dans le cadre d’une masse critique avec Babelio mais à cause du confinement je l’ai reçu fin juin. D’après la description sur le site, ce tome était indépendant du premier (les Chevauche-Brumes) et pouvait donc se lire sans problème. C’est pourquoi j’ai postulé car je n’ai pas lu le premier tome.

Alors en effet, l’auteur a inclus au début un résumé très pratique du premier tome qui permet de très bien comprendre l’intrigue principale, à savoir l’invasion de monstres appelés des mélampyges, qui surgissent d’une étrange brume. En voulant sauver le royaume, les Chevauche-Brumes ont en fait libérer ces créatures. Les Flots Sombres est donc la suite directe de ces aventures.

L’auteur a mis un index des personnages à la fin… que je n’ai vu qu’après ma lecture, dommage pour moi ! Car l’appropriation des personnages a été difficile. J’ignore si dans le tome un nous avons une description plus détaillée des personnages mais l’absence de repères physiques, un simple âge, une allure un peu plus précise, une caractéristique marquée qui permette de bien distinguer les doryactes entre elles, ou de déterminer qui est qui dans tous les anciens combattants de la neuvième compagnies auraient été les bienvenus. Au fil des pages, je suis parvenue à les distinguer mais sans pouvoir me les représenter dans mon esprit, ce qui m’a manqué. Je suis incapable de reconnaître Barbelin de Cagna par exemple.

D’un autre côté, c’est vrai que cette absence de distinction au sein des Chevauche-Brumes est troublante mais elle renforce le côté « troupe ». Ils ont tous l’air sympathiques, leur cohésion d’équipe, leurs chamailleries, leur humour et leur bonne humeur sont autant d’éléments qui aident à l’immersion dans leur groupe. Je me suis sentie proche d’eux malgré tout. C’est une impression très étrange au final.

Au-delà, certains personnages sont plus facile à identifier, comme Jerod, le petit Roy, l’horrible Juxs, ou la courageuse Ophélie. Plusieurs intrigues, distinctes au départ, se rejoignent au fil des pages. J’ai été aussi bien impliquée dans les intrigues de la cour, que par les combats des Chevauche-Brumes, la recherche de vérité de Jerod ou la poursuite du monstre d’Ophélie. Bon, ma vie liée à l’océan m’a bien sûr fait préféré l’histoire d’Ophélie mais l’ensemble du roman est cohérent et très agréable à suivre.

Hormis le problème d’identification des personnages, ma lecture s’est révélée très immersive, dépaysante et intéressante. La plume de l’auteur est très travaillée et surtout très technique et précise, je suis impressionnée. Qu’il parle de navires, d’architecture ou de combat, c’est pointu et l’intrigue semble millimétrée. Chapeau pour son travail de recherches !

Les idées derrières sont intéressantes, malgré des thèmes assez classiques de lutte politique entre le pouvoir et la religion mais qui sont toujours aussi efficaces quand ils sont bien menés. L’histoire derrière les mélampyges nous tient aussi en haleine, nous avons des révélations inattendues et prometteuses pour la suite.

En tout cas cette lecture du tome 2 me donne à la fois envie de poursuivre sur le tome 3 mais aussi de me pencher sur le premier tome. On peut donc dire que c’est une victoire totale !


 Ma note : :star::star::star::star::star-empty:

Chronique : A la croisée des mondes

Philip Pullman 
Traduction : Jean Esch
Gallimard
Jeunesse, Fantasy
25 €
1 025 pages

Je connaissais ce roman de nom, je savais qu’il avait marqué de nombreux jeunes lecteurs à sa sortie, un peu comme Harry Potter ou le Seigneur des Anneaux. Je savais qu’ils en avaient fait un film mais je ne l’ai jamais vu. En revanche, nous avons vu la série et nous avons adoré. Du coup, comme j’avais acheté d’occasion l’intégrale en roman je me suis dit qu’il était temps de lire avant l’arrivée de la suite de la série (s’il y en a une d’ailleurs, je n’en sais rien). 

Pour le coup, c’est compliqué car c’est un roman d’abord destiné aux jeunes et le lire une fois adulte doit enlever une grande part de sa magie et de l’émerveillement que j’aurais sans doute dû ressentir. J’ai tout lu d’une traite et ça m’a pris trois mois tant le récit est dense. La série a très bien su retranscrire le premier livre à mon humble avis, je trouve qu’elle l’a même sublimé. Si les films ont tendance à dénaturer les romans en coupant des passages ou en allant très vite sur des aspects importants à cause du temps imparti, les séries elles ont le temps nécessaire pour installer les intrigues et bien présenter les personnages. 

Pour en revenir au roman, le premier livre est intéressant, intriguant et passionnant. On nous y présente des personnages vraiment sympathiques à suivre comme Lyra, Mme Coulter, les gitans, Lee et bien sûr Iorek. Dans le second tome, les choses commencent à déraper avec les nouveaux mondes. Nous faisons la connaissance de Will qui est vraiment un super personnage, bien mieux que Lyra au final. Il prend d’ailleurs plus de place et son évolution est bien plus intéressante à suivre. Il lui vole clairement la vedette. 

A partir de ce deuxième roman j’ai perdu de l’intérêt. Je ne voyais pas du tout la suite ainsi avec les Anges, l’Autorité, la Poussière etc. J’ai été assez déçue je ne vous le cache pas. Encore une fois, si je l’avais lu plus jeune, mon avis aurait peut-être été différent.  La narration n’est pas non plus ma préférée, avec peu de dialogues, des personnages qui se lancent dans de grandes explications pas très naturelles, beaucoup de mystères et parfois pouf les persos comprennent sans que le lecteur ait la moindre piste alors qu’on est dans leur tête. Bref, si ce genre de narration fonctionne dans certains genres ici je n’ai pas toujours été convaincue. La plume est par contre plutôt descriptive, poétique, limite contemplative par moment.

Le troisième tome n’a pas rattrapé mon avis. Je me suis clairement ennuyée à certains passages, notamment avec le Docteur Malone. Cela manquait de crédibilité et malheureusement d’intérêt. Certaines choses arrivent trop vite sans explications, notamment sur les sentiments des personnages. Des idées restent vraiment très intéressantes, comme les daemons bien sûr, le lien entre tous les mondes, le couteau et la Poussière ou encore le monde des morts. Le dépaysement est garanti, ça c’est certain.

Après je salue l’auteur pour avoir choisi en personnage principale Lyra, une gamine très réaliste, menteuse, insolente et assez égocentrée, pourtant capable de générosité et de grand courage. On est loin de l’héroïne habituelle et je comprends que beaucoup de jeunes filles puissent s’identifier à elle. Madame Coolter est géniale, ça c’est un personnage grandiose ! Complexe, inédit et vraiment bien construit, c’était passionnant de la suivre. C’est un personnage comme on en voit rarement et très marquant. Lord Asriel aussi est sacrément prometteur, je suis déçue qu’on ne le voit pas plus (bon d’accord, je suis très influencée par l’acteur qui l’incarne dans la série). Lee est une personne comme on aimerait en avoir à ses côtés pour ce genre d’aventure, il est très inspirant.

En conclusion, ce roman est culte donc je ne regrette pas de l’avoir lu mais ce n’est clairement pas un coup de cœur pour moi. L’auteur a eu de super idées et à créé des personnages attachants que l’on a envie de suivre,  mais à mon avis tout cela est dilué dans des complications avec les Anges, l’Autorité, les Mulefas etc. A trop en faire, il a perdu mon implication auprès des deux héros. 



 Ma note : :star::star::star::star-empty::star-empty:

Chronique : Retour au Pays

Robin Hobb
Traduction :Véronique David-Marescot
J’ai Lu
Fantasy
3,70 €
121 pages

Après avoir lu sur plusieurs années la saga des Aventuriers de la mer (qui a été un coup de cœur général) il me fallait terminer cette saga avec ce petit roman  très court qui se déroule bien avant l’intrigue principale et qui nous raconte l’installation des premiers colons, exilés dans le Désert des Pluies. 

C’était une petite histoire sympathique qui a le mérite de nous replonger dans l’univers. On ressent bien toutes les difficultés de ces exilés qui pensaient atterrir sur une terre accueillante et débarquent dans des marécages insalubres avec une eau acide. On partage leur quotidien difficile, puis les dangers liés à la découverte des ruines des Anciens. 

Le personnage principal ne m’a pas été sympathique d’emblée mais les difficultés de sa nouvelle vie rend cette riche et hautaine bourgeoise plus agréable au final. On finit par accompagner le petit groupe qui nous est proposé avec empathie en espérant les voir survivre à cette aventure.

Même si c’est toujours un régal de retrouver l’univers des Aventuriers de la mer, ce court texte ne nous apprend rien de particulier sur les Anciens. Au contraire je dirais même qu’il a démystifié le peuple du Désert des Pluies en nous montrant qu’à la base ce sont bel et bien juste des gens ordinaires qui ont juste vécu sur un territoire particulier. En plus certaines scènes dans les ruines des Anciens faisaient redites avec les aventures de Malta.

Vu la longueur et le prix, je ne regrette pas ma lecture mais disons que ce n’est pas du tout essentiel à la compréhension de la saga principale.



 Ma note : :star::star::star::star-empty::star-empty:

Chronique : Les Dieux sauvages T3 la fureur de la Terre

Lionel Davoust
Auteur francophone, voir le site 
Critic
Fantasy
25 €
789 pages

Après avoir lu presque en suivant les deux premiers tomes (voir mon coup de cœur pour le tome 1 et mon avis très enthousiaste sur le tome 2) j’ai dû faire comme tout le monde et prendre mon mal en patience pour mériter la lecture de ce pavé de tome 3. 

 J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver l’univers et les personnages des Dieux Sauvages. Le roman est long, copieux et dense. Pourtant, je ne me suis nullement ennuyée, ni n’ai jamais décroché. 

Le cœur du roman est un siège. De nombreuses scènes d’assaut se succèdent et si ça pourrait paraître répétitif, au contraire j’ai trouvé ces scènes passionnantes car elles nous permettent de nous plonger dans cette guerre qui nous semble perdue d’avance. C’est une guerre d’usure, les combattants sont las, désespérés et pourtant, grâce à Mériane, ils gardent une lueur d’espoir. C’est exactement ce que j’ai ressenti. L’auteur arrive à nous transporter dans cette guerre plus vraie que nature. Nous sommes loin des batailles épiques et des héros flamboyants. Ici, il n’y a que des humains (enfin du moins d’un côté de la barrière) avec leurs forces et leurs faiblesses. Mériane est au bout du rouleau et sa fatigue contamine le lecteur… de même que sa détermination lorsque tout semble perdu.

Du point de vue de l’histoire globale, nous en apprenons davantage sur Wer, les Dieux et Nehyr. Peu à peu le voile se lève sur toute cette histoire et ça en devient encore plus intriguant. 

Niveau personnage, on suit beaucoup plus Chunsène qui évolue aussi peu à peu et devient de plus en plus intéressante à mes yeux. Elle grandit et c’est agréable de suivre son évolution. Mon cher Léopol est un peu plus en retrait dans ce tome et à mon grand désespoir tous les efforts déployés au cours des précédents tomes pour le faire changer sont brutalement réduits à néant. 

En fond, d’autres intrigues politiques continuent de se développer pour notre plus grand malheur puisque cela n’augure rien de bon pour Mériane. Cette religion weriste est une plaie et fait douloureusement écho à plusieurs de nos propres religions passées et présentes dans lesquelles la femme, la science et la connaissance sont des ennemies et conduisent aux pires dérives. C’est d’autant plus difficile en tant que lectrice d’être simple spectatrice de tout ce qui se trame et qui risque de se passer dans les prochains tomes. 

En résumé, ce fut une excellente lecture où j’ai ressenti le désespoir et la peur de nos combattants. Encore une fois la rigueur de l’auteur, sa plume, la quantité de ses recherche et la maîtrise de son univers font que cette série des Dieux Sauvages est de grande qualité et est passionnante à suivre.  

Encore une fois je ne peux que vous recommander cette série à tous les amateurs de fantasy !



 Ma note : :star::star::star::star::star-half: